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Plongée dans Garou, le premier métavers français I Interview

En développant un monde très proche du monde réel, en qualité photo-réaliste, accessible à plusieurs, Garou permet aux marques d’avoir une présence dans le Web 3.0 en ligne avec leurs exigences d’expériences clients. L’organisation d’événements et les partenariats avec des institutions (patrimoine, musée, art, sport, musique) favorisent des expériences fortement génératrices de trafic. La monétisation (droits d’accès, NFTs, …) est possible et simple grâce à la mise à disposition d’outils d’identification et de paiement sur la blockchain.

Pouvez-vous nous présenter Garou et notamment son positionnement versus les autres acteurs du marché du métavers ?

Garou existe depuis plus de 5 ans. En 2016, en travaillant sur l’immobilier haut de gamme, nous nous sommes rendus compte que la vision de Snowcrash ou de Ready Player One était réalisable. Dans ce monde en 3D, il est aujourd’hui possible d’être engagé physiquement. L’évolution de la technologie le permet : les moteurs de jeu vidéo qui simulent le monde réel, la puissance des cartes graphiques, la 5G ou le débit internet qui ouvrent l’accès à ces mondes… En parallèle, le prix des casques de réalité virtuelle baisse.

Garou a toutes les propriétés d’un métavers : collaboratif et social, un peu gamifié, construit sur un moteur de jeu sans être seulement un jeu. Une des particularités de Garou est la haute qualité visuelle. Quand y on entre, cela ressemble beaucoup au monde réel. C’est très différent des autres métavers qui sont la plupart du temps peu réalistes ou dans un style cartoon comme les jeux vidéos des années 90. Nous utilisons le moteur de jeu Unreal Engine d’Epic Games pour obtenir cette qualité cinématographique. Nous assumons ce positionnement premium qui attire, entre autres, les marques de luxe.

métavers haute qualité visuelle
Quels sont selon vous les grands usages du métavers pour les individus ? Et pour les marques  ?

Aujourd’hui, les marques ont une présence digitale en 2D accessible sur les téléphones portables, sur les écrans plats … Toutes ces marques vont basculer dans des univers en 3D. Il sera possible d’aller visiter leur univers, d’être physiquement connectés avec leurs produits. Par exemple, aller découvrir le Cybertruck de Tesla même s’il n’est pas encore sorti et que j’ai envie de le tester ou de le pré-commander, monter dans la capsule SpaceX 

« Le web 3 propose une immersion physique et sociale là où le web 2 proposait une interaction sociale »

Pour les marques, l’intérêt est d’offrir une connexion émotionnelle avec le produit, et donc de communiquer de manière très puissante.

La mission de Garou est donc d’offrir une transition vers un métavers haute qualité. J’insiste encore sur cette idée de qualité. Pour un fabriquant d’automobiles, être présent dans Horizon de Facebook pourra présenter certains intérêts mais les voitures ressembleront à des boîtes en carton. Le produit n’est pas suffisamment mis en valeur, ce qui limite rapidement l’intérêt d’une présence dans le métavers à une action de communication ponctuelle. Nous avons créé un univers dans lequel les produits peuvent être appréhendés au moins aussi bien, voire mieux, que dans la vie réelle. Cela n’empêche pas que nous soyons ravis que d’autres initiatives de métavers existent, avec différents partis pris. La page est blanche et il y a une infinité de choses à créer sans qu’il n’y ait de problème de concurrence, pour l’instant.

exemple métavers
Quelles sont les questions qu’une marque doit se poser avant de se lancer dans un projet ou une stratégie métavers? Et quel planning avant que les marques puissent y proposer des expériences abouties ?    

Une des principales questions que doivent se poser les marques est « à quoi ressemblerait mes produits et l’univers de ma marque en 3D ? ». Dans le métavers, la marque n’est plus soumise aux lois de la nature : pas de limite d’espace, on peut ralentir le temps, … Très souvent, on s’aperçoit que cela donne un mélange entre un monde très réaliste, ancré sur la brand equity et un aspect plus onirique, décorrélé de la réalité. C’est aussi ça qui me fait rêver dans le métavers, cette touche de magie.

Concernant le planning, je pense qu’il faut s’y mettre très tôt. C’est finalement comparable à ce qu’il s’est passé avec la transition de l’analogique vers le numérique : il y a ceux qui ont commencé à adopter plus tôt que d’autres et ceux qui ont tardé. Il ne faut pas sous-estimer le temps d’expérimentation avant de trouver son identité sur un nouveau média… donc mieux vaut commencer tôt ! Certes, l’audience est encore relativement réduite, il y a à peu près 10 millions de casques dans le monde. Mais nous sommes convaincus que d’ici 24 mois, maximum 48 mois, l’audience sera beaucoup plus importante.

Y aller dès maintenant donc, mais comment ? Le sujet est nouveau pour la plupart des annonceurs et le niveau de maturité encore faible…

Oui, c’est toujours intéressant d’écouter les acteurs qui proposent des solutions métavers, mais également de se faire accompagner par des agences, des cabinets de conseil ou des partenaires qui connaissent déjà le client et le conseillent sur sa stratégie de communication et de contenus. Je suis persuadé que le fait de s’informer et de s’éduquer sur ces sujets est indispensable. Nous sommes ravis quand nos partenaires connaissent les différentes plateformes du marché, parce qu’ils réalisent combien la solution Garou est unique et c’est tant mieux  !

Justement, pouvez-vous partager avec nous ce que vous considérez comme un cas d’usage réussi dans le métavers ?

Il y a des réalisations et des projets très prometteurs notamment en France et dans le luxe, qu’on ne peut malheureusement pas encore partager avec vous. Nous pouvons en revanche vous parler de notre intervention pour l’Etat de New York sur la gare de Penn Station. Cette gare, un vrai labyrinthe pas très glamour, est située tout près du Madison Square Garden. L’Etat de New-York a souhaité l’améliorer en y construisant notamment un hall monumental avec 4 magnifiques dômes de verre. Nous avons ainsi réalisé un jumeau numérique du futur projet plus de 2 ans avant sa construction. Cela a permis à nos clients, aux architectes et aux constructeurs d’entrer dans la gare physiquement, en mode collaboratif, avant qu’elle ne soit construite.

Nous avons également découvert qu’il y avait anciennement une très belle gare à Penn Station, construite en 1910 et détruite en 1963. Nous avons trouvé cette cathédrale de verre et d’acier tellement magnifique qu’on a mis notre équipe de développement sur le sujet pour pouvoir aussi reconstruire une version de cette ancienne gare , patrimoine fabuleux de New York ! Finalement, nous avions accès à la fois un projet qui n’existe plus, et d’autre part un projet qui n’existait pas encore. C’est aussi ça le côté magique du métavers.

métavers gare penn station

Nous  avons également œuvré au Japon avec Fujitsu qui réfléchissait à des offres pour ses clients retail. Nous y avons créé un espace en réalité virtuelle dans lequel il était possible d’acheter et de communiquer sur des produits. C’était intéressant notamment parce que cela posait la question du retail de demain et de l’expérience produit à imaginer : comment observer les produits, les faire tourner, les attraper…

Quelles sont les formes que la publicité peut ou pourrait prendre sur le métavers ?  

Je pense qu’il y a une forme de rejet des modes de publicité traditionnels « top down » dans une économie de user generated content dans lesquels les schémas se sont un peu inversés. On constate aussi que même les influenceurs devenus un peu trop puissants commencent à être écartés par certains utilisateurs. C’est aussi comme cela que fonctionne Garou : une plateforme ouverte aux créateurs qui vont porter les projets qui les intéressent. C’est peut-être une proposition un peu plus démocratique et plus diversifiée que la publicité traditionnelle. Je pense donc que cela questionne un peu les modèles de publicité existants, qui sont à reconstruire et c’est super intéressant ! C’est un nouveau terrain de jeu et nous ne trouverons pas tout seuls la solution : il faut tester ce qui intéressera vraiment les utilisateurs.

Pour conclure notre interview, quels sont selon vous les autres sujets clés liés au métavers ?

Le premier sujet est la mesure. Si tu rentres dans une pièce conçue par Garou, on pourrait savoir ce que tu as regardé avec le plus d’attention, ce que tu n’as pas regardé du tout, … Après le passage de 100 personnes dans cette pièce, on pourra alors facilement distinguer les zones chaudes, celles qui engagent, des autres parties de la pièce. Ce sont des informations riches d’enseignements pour de nombreux acteurs.

Ensuite, il y a le sujet de la donnée personnelle. Nous n’avons pas d’outil d’analytics pour l’instant mais cette data existe. Des questions sérieuses se posent concernant la privacy, beaucoup plus sérieuses qu’elles ne l’étaient dans le web. Il faut faire attention parce que la technologie va beaucoup plus vite que le légal. Nous sommes d’ailleurs disponibles pour partager notre vision des enjeux les plus évidents et immédiats avec l’ensemble de l’écosystème et les gouvernements.

Enfin, il y a un dernier sujet qui rejoint celui de la privacy, c’est la blockchain. La blockchain permet de protéger les créateurs, les marques et les utilisateurs. Les utilisateurs deviennent ainsi propriétaires de leur propre data et auront le choix de partager certaines de leurs informations avec les marques en échange de services par exemple. C’est dans cette direction que nous travaillons actuellement : dans l’expérience Garou, l’utilisateur disposera d’un profil, d’un espace et d’un wallet.

Propos recueillis par Benjamin Sagues, directeur & Julie Maubé, consultante

Photographies et illustrations : Garou

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