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Les patients au pouvoir ! | Santé & Digital #2

Quand les marques s’adaptent à des patients qui revendiquent un statut proactif dans la gestion de leur santé

La santé n’est donc plus, depuis deux ans, un secteur épargné par la numérisation en marche de nos relations, nos comportements et nos vies. Elle voit son autorité, son dogmatisme et ses habitudes remises en perspective par des patients connectés, exigeants, sociables et influents. Ces patients veulent simplifier leur existence de plus en plus longue et ne plus faire d’efforts qu’ils jugent aujourd’hui inutiles . C’est dans cette optique qu’ils demandent que leurs nouveaux standards de consommation s’appliquent à tous les pendants de leur vie, santé comprise.

Des patients exigeants qui questionnent, doutent et challengent

Le patient d’aujourd’hui est un patient qui se défie des institutions habituelles. Affecté par les polémiques impliquant certains médicaments et réticent à faire confiance au système de santé, il est à la fois attentif à la traçabilité des ingrédients, sensible aux avis clients et exigeant en termes d’efficacité et de disponibilité produits. Lassés d’adopter une posture passive et estimant qu’il vaut mieux prévenir que guérir, 70% des Français consultent d’abord internet avant de se rendre auprès d’un professionnel de santé et 60% le font avant d’effectuer un achat pharmaceutique.

« 6 français sur 10 consultent Internet avant un achat pharmaceutique »

Une démarche simplifiée par l’ouverture du savoir instaurée par Internet, qui permet aux consommateurs de challenger le discours des acteurs du secteur et notamment des laboratoires pharmaceutiques. Pour remédier à ce scepticisme, ces derniers n’ont d’autre choix que d’assumer une attitude basée sur la transparence, la pédagogie et l’apport d’informations tangibles et vérifiées. C’est le cas de Sanofi qui adopte dans ses contenus et sa communication une approche engageante, accessible et pédagogue. Celle-ci permet aux consommateurs de mieux connaître le laboratoire et ses engagements via des rubriques dédiées sur son site internet et d’être rassurés vis-à-vis des discours tenus en les appuyant de liens vers d’autres pages ou sites d’autorité.

Des patients interconnectés et proactifs

patients interconnectés

Puisque les consommateurs ont désormais l’ambition de devenir acteurs de leur propre santé, la digitalisation du secteur tombe à pic. La prolifération d’objets connectés dédiés au bien-être (montre, balance, bracelets connectés…) ou à la santé (tensiomètre, inhalateur, pompe à insuline connectés …) leur permet de devenir, d’une certaine façon, « praticiens ». Ils rencontrent d’ailleurs un véritable succès : 59% de la population souhaiterait bénéficier d’objets connectés pour profiter d’un meilleur suivi en cas, par exemple, de maladie chronique. Cet enthousiasme s’explique notamment par le fait que les nouvelles applications et outils numériques permettent une gestion plus efficace et personnelle de la santé.  Ils confèrent aux patients le pouvoir d’agir, de gérer leurs maladies au quotidien là où le système de santé démontre quelques lacunes dans l’accompagnement de maladies au long cours.

Des patients en quête d’autonomie

Si les médecins sont toujours les premiers vers qui se tournent les consommateurs en cas de maladie sérieuse, il en va différemment en ce qui concerne les maladies plus légères et usuelles. Là, ils parient sur l’automédication et l’auto-diagnostic, préférant prendre en charge leur santé et leur bien-être en achetant des produits non-prescrits et non-remboursés.

« +86% de ventes d’auto-diagnostics en 2020 »

Cette tendance s’illustre à merveille dans l’augmentation des ventes hors-prescription (+3,4%) et dans la montée en puissance du marché du selfcare. Les compléments alimentaires, surtout, connaissent une ascension remarquable puisque 46% des Français en ont déjà consommé, que 92% en reconnaissent les bénéfices et que 93% en consomment pour entretenir leur santé.

Le désir d’acquérir de l’autonomie dans la gestion de sa propre santé transparaît également dans la multiplicité des communautés de patients qui se créent autour d’une pathologie ou d’une situation. Celles-ci permettent aux consommateurs d’échanger des conseils, de partager leurs doutes et d’aborder leur quotidien dans une atmosphère de confiance et d’entraide. Un terrain digital que les marques de santé doivent investir pour informer, rassurer et accompagner des patients devenus prospects, animateurs, influenceurs et acteurs de leur propre santé et de celles des autres

Des patients maîtres de leurs données ?

data patients

Bénéficiant d’un parcours de soin personnalisé et digitalisé, les patients, détenteurs de multiples objets connectés, génèrent toujours plus de données. Celles-ci représentent un enjeu décisif pour l’e-santé : les données concernant la santé, au contraire de celles liées au bien-être, doivent être sécurisées et demeurer sous le sceau de la confidentialité.

Face aux imprécisions concernant l’utilisation de ces données santé, une question se pose : le patient peut-il être libre d’être acteur et maître de ses données ? Selon un rapport de la Fondation Roche, 86% des Français jugent que le développement d’outils numériques dans le secteur de la santé est positif et 69% se disent prêts à partager leurs données de santé pour faire avancer la recherche. Cependant, le manque de maturité dans le partage de ces données pourrait constituer un frein à leur utilisation dans un but médical. De même, il empêcherait le patient d’être totalement actif dans la gestion des données qu’il génère.

«   74% des Français pensent que les outils numériques développés dans le secteur de la santé permettront d’améliorer leur suivi médical »

Les perspectives sont là, aussi nombreuses que les questionnements qu’elles soulèvent. A quand plus de transparence et de certitudes sur la protection des données de santé, fragilisée par le risque de piratage ? Comment rendre chaque consommateur propriétaire et acteur de ses propres données de santé et/ou de bien-être demain, décisionnaire éclairé et en contrôle de ce qu’il partage ou non et avec qui ?

Ce 2ème opus montre donc que le patient a donc changé. C’est aujourd’hui à chacun des acteurs de la santé de le suivre et de lui proposer de nouveaux services et de nouveaux parcours. Ainsi, ils pourront ainsi profiter de la croissance exponentielle d’un secteur plus concurrentiel que jamais.

Sources : Coheris 2019, Global Health Outlook 2020, Open Health

Stéphanie Çabale, directrice associée
Julie Maubé, consultante

Illustrations : Subi Yanto, Christin Hume, 

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