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La RSE, levier créateur de valeur I RSE, un accélérateur business

Aux premiers abords, la RSE peut sembler être une source d’investissements financiers et humains pour l’entreprise, sans impact économique positif direct. Mais la stratégie RSE se révèle aussi être un levier de performance et de croissance.

Une optimisation nécessaire des charges et des moyens de production

La baisse des charges de l’entreprise est une des préoccupations majeures des dirigeants. Elle peut être atteinte via une réduction de la consommation énergétique et de l’empreinte carbone de l’entreprise, deux des chevaux de bataille de la RSE. Coca-Cola l’a bien compris : avec Ardagh, son fournisseur de bouteilles en verre, l’entreprise américaine est parvenue à réduire le poids de la bouteille iconique de 33cL à 190g. Tout en maintenant la qualité, la résistance et les dimensions du produit, cette innovation a permis à l’entreprise de réduire la consommation énergétique de 20% et les émissions de carbone de 4000 tonnes par an. Cette économie énergétique et financière ne peut que profiter à la firme.

Unilever a économisé 1 milliards d’euros via l’optimisation du recours à l’eau et à l’énergie dans les usines. L’entreprise a aussi affirmé utiliser moins de matière tout en produisant moins de déchets. Ce sont autant de paramètres faisant partie intégrante de la RSE, qui permettent de baisser les dépenses, et donc potentiellement d’investir autrement.

La stratégie RSE favorise l’innovation

L’innovation permet aussi d’imaginer des nouveaux modes de transport. Ainsi Ikea et Monoprix proposent des solutions pour baisser l’impact énergétique de leurs livraisons « Zéro émission ». A horizon 2023, le géant suédois de l’ameublement envisage de livrer partout en France en utilisant des véhicules électriques ou autre transport n’émettant aucun gaz polluant. De son côté, Monoprix propose depuis 2016 la livraison à domicile à pied et en une heure maximum : fin 2019, 80% des livraisons à Paris ont été effectuées via ce mode. L’enseigne propose aussi d’être livré par transport électrique (vélo, cycloporteur ou véhicule).

Autre innovation, cette fois dans le secteur du transport aérien. Air France a comme objectif de baisser de moitié ses émissions de CO2 par passager d’ici 2030. Pour atteindre cet objectif RSE, le Groupe français a testé en septembre 2020 l’utilisation d’engins 100% électriques pour le chargement des bagages. On constate donc que sur fond de RSE, Air France, innove et mobilise les équipes pour trouver des solutions économiquement et écologiquement viables. Même si le secteur aérien marche sur des œufs concernant ces sujets environnementaux, le fleuron français ne s’est pas arrêté là. Air France se lance dans l’économie circulaire : via des batteries Li-Ion de seconde vie, il transforme d’anciens tapis bagages à motorisation thermique en motorisation électrique.

La RSE à la conquête du business

La RSE peut aussi se révéler être un avantage concurrentiel. Lors d’appel d’offres, de plus en plus d’entreprises intègrent les critères RSE à leur évaluation. Au Royaume-Uni, Atos a notamment remporté l’un d’eux grâce à son score RSE. Ce fut le seul élément différenciant et déterminant pour la victoire du leader de la transformation digitale. Dans sa quête de solutions respectueuses de l’environnement les entreprises sont notamment amenées à repenser leurs matériels, dépenses énergétiques et bilan carbone. C’est la démarche qu’a entreprise le groupe de travaux publics Réguillon : après s’être doté de véhicules électriques, le Groupe a fait l’acquisition de la première pelle 2 tonnes électrique de la région lyonnaise. Cette initiative a permis d’atteindre un double objectif : moins de nuisances sonores et de carbone émis, deux critères pouvant faire pencher la balance lors d’un appel d’offres.

Une autre différenciation possible pour les entreprises consiste à miser sur l’impact sociétal. La MAIF a pris ce parti en devenant assureur militant : chaque sociétaire est assureur et assuré, ce qui place l’humain au centre des préoccupations de l’entreprise. Biocoop a également fait ce choix : son organisation en coopérative est un argument de différenciation et de séduction pour une partie des consommateurs de bio. Biocoop rappelle ainsi qu’ « en 2017, près de 46% du surcoût des produits bio, vendus en conventionnel proviennent des marges réalisées par les distributeurs. Des marges qui nourrissent l’économie de marchés financiers, et à travers elle, les actionnaires » alors que Biocoop n’a pas d’actionnaire et réinvestit l’argent collecté par ses sociétaires, directement dans sa coopérative.

Autre illustration du succès de ces nouvelles stratégie : le Slip Français qui prône le Made In France, l’utilisation de matière recyclable et dont la mission autoproclamée depuis 8 ans est de changer notre façon de consommer. Une entreprise dont le chiffre d’affaires a dépassé 20 Millions d’Euros dès 2018.

Une étude d’Harvard indique ainsi que le chiffre d’affaires global des produits et services durables peut augmenter jusqu’à 20% et que les revenus tirés peuvent croître six fois plus vite que le chiffre d’affaires global des entreprises. Les chiffres d’Unilever confirment cette étude : ses marques et produits durables auraient bénéficié d’une croissance 69% plus rapide que le reste de l’activité en 2019. Le concept de « durabilité » est prometteur et a de beaux jours devant lui.

En conclusion, nous avons la conviction que ne pas avoir de stratégie RSE claire, c’est témoigner d’une absence d’écoute de son marché et de ses clients. C’est aussi faire preuve de peu de modernité et de capacité d’innovation. Au contraire, nombreuses sont les entreprises dont les initiatives RSE ont été payantes et efficaces. Au-delà des clients et des marchés à conquérir demain, l’entreprise doit aussi soigner sa marque employeur et son attractivité auprès des profils clés à recruter. La majorité des marques citées précédemment en a fait un élément clé de leur stratégie RSE. Certaines en s’appuyant sur le label Great Place to Work, véritable gage de confiance et de qualité pour les candidats. Au contraire, les GAFA, si attractives pour les jeunes diplômés ont été égratignées dernièrement sur les conditions de travail et le respect des principes de mixité. Le bien-être des salariés : premier étage de la fusée RSE à mettre en place ?

Hélène Olive, consultante et Stéphanie Çabale, directrice associée

Illustrations : Micheile Henderson, Suzanne D. Williams

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